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dimanche 24 septembre 2017

Le fléau des fadas


Il est extrêmement difficile de parcourir une ruelle de Niamey sans rencontrer, un groupe de jeunes, autour d’un thé encore au feu, assis à longueur de journée. Ils ont entre 15 et 30 ans, diplômés sans emplois, étudiants et même scolaires. Les sujets de discussion les plus abordés sont : football, tendance-mode, musique, etc.  Rares sont ceux d’entre eux qui ont réellement des projets, des rêves, et donc encore moins ceux qui s’activent à les réaliser.

A l’origine, une « fada » c’était…
Fada est un mot hausa utilisé à l’époque pour désigner « un palais royal ou les gens qui vivent autour du roi »
Il servait aussi à désigner une « assemblée de personnes âgées » qui  passaient leur journée sous l’arbre à palabre, car trop fatiguées pour les travaux champêtres et autres activités régissant la vie au village.

Les « fadas » modernes
Depuis un certains temps, le mot « fada » est employé par les jeunes, citadins surtout, pour qualifier leurs places de distractions.
L’un des ses éléments vitaux est le « shayi », le thé vert. Celui-ci est le plus souvent acheté par « maman » ou « papa », car la plupart des jeunes n’ont pas de quoi se l’offrir.
A la question « qu’attendez-vous pour vous mettre au travail ? », plus de 80% d’entre eux ont répondu « être en attente de l’appui de l’Etat ». Une réponse plutôt choquante.
Et pourtant, pour un peuple qui s’estime vivre dans une démocratie, « le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple », l’Etat c’est normalement « tout le monde ». Quand on est assez futé pour s’aventurer sur les bancs du lycée ou même obtenir un diplôme, alors se trouver un travail doit être plus que nécessité, mais plutôt obligation. Personne ne doit croiser les bras et attendre un certain miracle. Et pour cela, il faudrait d’abord que les jeunes nigériens comprennent qu’il n’y a pas de « sots métiers ».
Aucun travail, tant qu’il ne déshonore pas la personne, sa famille ou son pays, ne doit être considéré comme « petit ».
Les jeunes nigériens penchent plus pour la « bureaucratie », et considèrent tout autre boulot, comme précaire et pas assez productif. Ils lèguent ainsi plusieurs activités génératrices de revenus au second rang.
En nous entretenant, au cours de notre enquête, avec un jeune homme de 27 ans dans une « fada » d’un quartier périphérique de Niamey, diplômé de niveau supérieur depuis près de deux ans, il nous a affirmé « préférer rester encore assis dans sa fada à boire du thé que d’être manœuvre ou encore ouvrier,… ». Et pour ‘’couturier’’, il a ironiquement répondu « peut être bien… ».
Cela semble irréel, mais c’est la triste réalité, la mentalité des jeunes, de Niamey surtout.
Ils sont nombreux comme lui, à minimiser tel ou tel autre travail, à rêver de vivre une grande vie à la façon de « Aliko Dangote », mais surtout à passer toute la journée assis.
Vivre un rêve dont seul le travail peut offrir, et demeurer inactif, paradoxal non ? On aura tout vu…

#AikiDukaAikiNe