Il est extrêmement difficile de parcourir une ruelle de
Niamey sans rencontrer, un groupe de jeunes, autour d’un thé encore au feu,
assis à longueur de journée. Ils ont entre 15 et 30 ans, diplômés sans emplois,
étudiants et même scolaires. Les sujets de discussion les plus abordés
sont : football, tendance-mode, musique, etc. Rares sont ceux d’entre eux qui ont réellement
des projets, des rêves, et donc encore moins ceux qui s’activent à les
réaliser.
A
l’origine, une « fada » c’était…
Fada est un mot hausa utilisé à l’époque pour désigner
« un palais royal ou les gens qui vivent autour du roi »
Il servait aussi à désigner une « assemblée de
personnes âgées » qui passaient
leur journée sous l’arbre à palabre, car trop fatiguées pour les travaux
champêtres et autres activités régissant la vie au village.
Les
« fadas » modernes
Depuis un certains temps, le mot « fada » est
employé par les jeunes, citadins surtout, pour qualifier leurs places de
distractions.
L’un des ses éléments vitaux est le « shayi », le
thé vert. Celui-ci est le plus souvent acheté par « maman » ou
« papa », car la plupart des jeunes n’ont pas de quoi se l’offrir.
A la question « qu’attendez-vous pour vous mettre au
travail ? », plus de 80% d’entre eux ont répondu « être en attente de
l’appui de l’Etat ». Une réponse plutôt choquante.
Et pourtant, pour un peuple qui s’estime vivre dans une
démocratie, « le pouvoir du peuple, par le peuple et pour le peuple »,
l’Etat c’est normalement « tout le monde ». Quand on est assez futé
pour s’aventurer sur les bancs du lycée ou même obtenir un diplôme, alors se
trouver un travail doit être plus que nécessité, mais plutôt obligation.
Personne ne doit croiser les bras et attendre un certain miracle. Et pour cela,
il faudrait d’abord que les jeunes nigériens comprennent qu’il n’y a pas de
« sots métiers ».
Aucun travail, tant qu’il ne déshonore pas la personne, sa
famille ou son pays, ne doit être considéré comme « petit ».
Les jeunes nigériens penchent plus pour la
« bureaucratie », et considèrent tout autre boulot, comme précaire et
pas assez productif. Ils lèguent ainsi plusieurs activités génératrices de
revenus au second rang.
En nous entretenant, au cours de notre enquête, avec un
jeune homme de 27 ans dans une « fada » d’un quartier périphérique de
Niamey, diplômé de niveau supérieur depuis près de deux ans, il nous a affirmé
« préférer rester encore assis dans sa fada à boire du thé que d’être
manœuvre ou encore ouvrier,… ». Et pour ‘’couturier’’, il a ironiquement
répondu « peut être bien… ».
Cela semble irréel, mais c’est la triste réalité, la
mentalité des jeunes, de Niamey surtout.
Ils sont nombreux comme lui, à minimiser tel ou tel autre
travail, à rêver de vivre une grande vie à la façon de « Aliko
Dangote », mais surtout à passer toute la journée assis.
Vivre un rêve dont seul le travail peut offrir, et demeurer
inactif, paradoxal non ? On aura tout vu…
#AikiDukaAikiNe